Love at War

Love at War ★★★½

Grosse tâche que de devoir faire suite à HARRY : PORTRAIT D'UN DÉTECTIVE PRIVÉ, un film de docu-fiction indépendant que j'avais absolument adoré. Ayant rencontré le réalisateur à travers Letterboxd, j'ai eu la chance de voir ce film en première aux RVQC, et c'est donc avec beaucoup d'excitation que je suis allé m'asseoir au Odéon du Quartier Latin hier soir. No joke, j'avais pas eu aussi hâte de voir un film québécois que depuis La contemplation du mystère, il y a un peu moins d'un an.

Le film expose rapidement son parti pris stylistique : il se raconte à travers des split-screens colorés extrêmement rythmés qui cantent immédiatement le film en tant qu'ovni de notre cinéma local. Cette audace témoigne rapidement du désir du réalisateur de se raconter autrement; il m'est d'ailleurs difficile d'imaginer ce long-métrage exister via des structures de financement traditionnelles.

Mais, alors qu'initialement, ce choix stylistique se révèle fructueux tant pour révéler et décomposer les personnages grandioses et riches du film que pour rythmer le récit à travers un investissement nécessaire de la part du spectateur, il s'avère moins efficace sur le long terme. Alors qu'il se base beaucoup sur ses personnages et leurs interactions, le manque de changements et de conséquences dans ces derniers crée un léger essoufflement en fin de parcours.

C'est peut être un problème de scénario : j'aurais aimé croire à une possible menace de rupture chez les protagonistes dès le début; ainsi, leur séparation aurait alors rôdé au-dessus des interactions plus ludiques du film pour teinter mon visionnement. Parce qu'au final, le film ne manque pas d'ambition dans son approche ou dans son scénario (au contraire, il y a tellement d'idées dans ce film qu'on pourrait approvisionner des cinéastes de la relève pour les 5 prochaines années); j'aurais juste aimé que cette ambition ait été mieux soutenue par la structure dramatique.

Après, il y a l'amour contagieux du réalisateur pour ses personnages et son cinéma qui vient suinter chaque minute du film. Ça donne naissance à des idées qui parfois fonctionnent du tonnerre de Dieu, à d'autres qui réussissent moins bien. Mais au final, je suis convaincu qu'un public cinéphile va sortir de ce film là en étant rassuré comme quoi l'audace existe encore dans notre cinéma local. Et pour le grand public, il va se dire que "Crime bine, stait un film vraiment particulier, pis c'est fou que y'a des gens qui ont des idées de même, ça a pas d'allure, non mais j'veux dire tout ça, ça sort tout de la tête d'une seule personne, c'est fou pareil!", comme j'ai pu entendre hier soir, juste après la projection.

Overall, je peux avoir l'air rough avec le film, mais j'avais beaucoup d'attentes et plusieurs ont été comblées. Il y a des séquences mémorables (as-tu déjà vu ça toi, un western keb? moi oui maintenant), des choix audacieux, la suggestion d'un univers réfléchi et abouti. Je suis sincèrement d'avis que personne oserait faire ce film à part Max, encore moins le faire de façon indépendante sur une période de plus de deux ans.

Pis de façon plus personnelle, je trouve extrêmement inspirant que quelqu'un qui se dise "j'ai pas besoin de personne pour faire mes films" fasse actually ses films, pis se ramasse dans un festival avec. De la passion de même, ça existe en petite quantité, pis quand t'en es témoin, tu l'admires à distance comme une pierre précieuse éblouissante et chatoyante parce que t'oses pas trop la regarder longtemps pis tu veux pas prendre le risque de la briser.

Mon verdict : compte sur moi pour être assis au premier rang de la salle pour ton prochain film, mais cette fois ci, on va être à Cannes.

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